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oct 16

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Parcours médiatique de la disparition d’Agnès Marin : De la presse régionale au débat national.

Nous nous efforcerons dans les pages de ce blog de donner un aperçu des recherches menées avec OT-Media et de décrire en quelques mots cadre et enjeux.

 

Nous évoquions le 1er octobre dernier dans nos colonnes l’affaire Agnès Marin qui disparaissait le 16 novembre 2011 au Chambon-sur-Lignon. Un suspect, Matthieu M., est arrêté le 18 et passe aux aveux. Son passé judiciaire est alors révélé : il s’était en effet rendu coupable d’un premier viol avec arme en août 2010. Comme l’évoque Le Monde dans un article du 17 mai 2013 « Meurtre d’Agnès Marin : au cœur du procès, un jeune perturbé et un suivi défaillant », Matthieu M. convainc Julie, une de ses amies du village de Nages-et-Solorgues dans le Gard, de l’accompagner dans les bois. Il la menace d’un couteau avant de l’amener au pied d’un arbre auquel il l’attache. Il la bâillonne avec un foulard, avant de la violer. Il la relâchera en lui faisant promettre de ne rien dire.Le débat sur la récidive est lancé.

 

De la presse régionale au débat national

 

Le premier constat, peut-être le plus important au début de nos recherches, est l’absence première de couverture médiatique. Nous relevons une mention seulement dans un journal local, le Progrès : Agnès Marin a disparu le mercredi 16 novembre en Haute-Loire, des recherches sont menées en son endroit. L’affaire Marin est avant tout locale, la thèse de la fugue est évoquée et la première occurrence dans la presse quotidienne locale se fait sous la forme d’un avis de recherche en fin de journée du 17 novembre 2011 sur le site web du Progrès.

Ce n’est que le lendemain 18 novembre 2011 qu’une source nationale évoque la disparition de la jeune fille : il s’agit du site Europe1.fr qui se contente toutefois de reprendre, dans deux articles de 9h10 et 9h41, le contenu de l’article de la veille du Progrès.fr. L’information n’est reprise dans une dépêche AFP qu’une heure plus tard à 10h41. Cette reprise par l’agence de presse lance alors la couverture médiatique nationale de l’événement, qui s’amplifiera sur cinq jours.

 

Le deuxième constat autour de ce cas d’étude consiste en la brièveté de l’existence de cette affaire alors même que le monde politique s’en est saisi pour lancer un débat sur l’encadrement de la récidive. En effet, l’affaire apparaît au plan national le 18 novembre 2011. On relève alors 42 occurrences pour la requête « Agnès » et « Chambon » et « Lignon » pour le 18 novembre, 90 pour le 19 novembre, relayant notamment la découverte du corps calciné de l’adolescente et la mise en examen d’un lycéen, 119 pour le 20 novembre, 177 occurrences le 21 novembre lorsque se trouve lancé la polémique autour de la récidive. Toutefois, dès le 22 novembre, le nombre d’occurrences portant sur l’affaire Agnès Marin diminue à 69 occurrences, à 27 occurrences pour le 23 novembre.

 

Le troisième constat vient de la manière dont l’information est reprise entre les différents médias. On relève en effet que l’AFP fonctionne comme un validateur d’information, ce faisant comme un initiateur d’une couverture médiatique nationale. En outre, l’observation du déroulé chronologique des articles mis en ligne sur les sites web des médias nationaux illustrent la manière dont l’AFP se trouve source principale, non seulement d’une information mais de l’ensemble rédigé de son traitement, les sites web en question, pris par le temps médiatique resserré du web, publiant au plus pressé, souvent l’article AFP tel quel. Par exemple, le 20 novembre, l’article de l’AFP de 10h40 se trouve dès la même minute, avec seulement un changement de ponctuation du titre – passage d’une affirmation à une interrogation – sur les sites wikio actualités et TFI news.

 

Agnes001Carole

Cette figure est extraite du rapport de stage de recherche de Carole Decoeur, Ecole des Ponts ParisTech

 

Ce cas permet ainsi à la fois de dégager les évolutions et impératifs du temps médiatique appliqué au web – entraînant une uniformisation du contenu, de même que d’apercevoir les stratégies de communication politique, cherchant à exister au jour le jour en se saisissant même de faits divers très vite disparus de la couverture médiatique.

 

Le procès de Matthieu M. se tiendra à partir du mardi 18 juin 2013 devant la cour d’assises des mineurs de Haute-Loire (Puy-en-Velay)

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